Les influences multiculturelles ont forgé l’identité et le style de l’artiste Kongo, impliqué dans une quête identitaire et un besoin d’expression universelle qui lui font choisir le graffiti comme moyen de s’exprimer.
Engagé et solidaire, il a largement contribué à défendre le graffiti en tant que discipline artistique et à le faire reconnaître à sa juste valeur. Il est notamment le fondateur du festival Kosmopolite (festival international de graffiti à Bagnolet).
Expressif et coloré, son style tend à une abstraction calligraphique immédiatement reconnaissable. Les lettrages et formes se construisent dans une recherche visuelle élaborée où le geste spontané ne laisse pourtant rien au hasard. L’artiste se nourrit en permanence de ses voyages et rencontres. Son vocabulaire graphique utilise la plupart des techniques classiques de l’art urbain : bombe, pochoir, encre, marqueur.
Le projet « Digital Undergound » que soutient la galerie Taglialatella est une nouvelle étape dans la construction de l’artiste. Kongo souhaite mettre en exergue les similarités entre le graffiti, un langage crypté grâce auquel les graffeurs communiquent entre eux et s’expriment au reste du monde, et les nouveaux outils de communication créés à partir de langages informatiques codifiés. C’est également un clin d’oeil à tous les blogs, fanzines, site internet et chansons créées par les passionnés de graffiti.
Le monde de l’art et la visibilité des artistes ont évolué ces dernières années avec l’apparition des réseaux sociaux. Face aux évolutions technologiques, il est un artiste « connecté » et dans ce projet, il y a l’idée que le graffiti, qui fait partie intégrante de notre quotidien, est un "cadeau" que l’on peut désormais voir depuis un téléphone portable.
L’application créée par l’artiste et qui accompagne chaque oeuvre exposée est le balancement entre deux mondes dont la toile est la clé qui permet de passer de l’un à l’autre. D’une part l’application incarne un monde dans lequel l’artiste partage ses messages et émotions, elle représente virtuellement une partie de sa réalité et expériences. D’autre part c’est dans l’intimité et l’univers propre de chaque spectateur que l’artiste vient s’introduire. En effet le smartphone est devenu la boite à outils du monde entier, indispensable à tout mouvement jusqu’à recéler chaque partie de la vie de chacun, une intimité évidente.
Par conséquent la toile et l’outil qui l’accompagne incarnent le champ des inspirations et émotions de part et d’autre de l’artiste et du spectateur.
Et puis il y a aussi dans cette démarche le jeu du paradoxe : dans cette course à la dématérialisation qui ouvre de nouveaux horizons à chacun, l’artiste célèbre pourtant par cette application le lien humain et la confrontation artistique dans l’espace limité de la galerie par la présence concrète du spectateur et de la toile.