Les collages de Pierre Emery, intimistes et décalés, se présentent tels des joyaux d’une autre époque qui traversent le temps par leur éclat de modernité. Ils ont pour effet de plonger le spectateur dans la richesse et la profondeur de l’univers décalé et très inspiré de l’artiste.
Pour cette deuxième exposition personnelle, l’artiste explore toujours sa technique phare à base de scotch qu’il s’approprie cette fois-ci comme une pellicule de cinéma ou une bande magnétique , pour fixer des fragments d’images récupérées , puis il assemble le tout .
Il en résulte une image comme passée sous l’acide, qui donne le sentiment d’avoir été désintégrée, irradiée, cassée par le temps.
Un vocabulaire codé, underground et fétichiste. Plus « Cut Up pictural » que collage, une œuvre fantomatique faite de collisions du hasard et de distorsions sur bande.
Depuis les années 1980, Pierre Emery est une figure reconnue de la scène Rock et Pop Française.
Chanteur du groupe the Cherokees de 1984 à 1989, puis de Suspense Rubberband, ou encore fondateur de Ultra-Orange dans les années 1990, l’artiste produit de belles compositions électriques, décalées, en s’associant parfois à d’autres artistes et produit également les bandes son de plusieurs films.
De nature positive et flamboyante, l’artiste est doté d’une simplicité subtile qu’il met au service de sa démarche artistique globale que ce soit dans son expression par la musique ou par le biais de ses œuvres plastiques.
Cet univers fait de performances multiples, entre sons et images saturés, riches de contrastes, se retrouve dans l’essence de ses réalisations artistiques.
A partir des années 1990, Pierre Emery commence à créer une série de collages au scotch sur la base de détournements de grands posters de Pin up sixties entourés de mots déchirés. En 1999 il réalise notamment un film dérivé de ce travail.
Ses œuvres sont le fruit d’une quête artistique étendue sur plusieurs années. Les collages de Pierre Emery consistent en un détournement d’objets ou de messages picturaux assemblés afin d’établir une réelle transformation pour mieux extraire l’invisible. La force de l’émotion y faisant écho devient alors palpable. La contradiction créatrice est omniprésente dans son travail puisqu’il «détruit» afin de recréer. Il puise dans les messages et les images pour s’approprier des fragments qui prennent soudain une expression singulière.
Pierre Emery reconstitue des parcelles de mots, de phrases, d’images qu’il lacère, découpe et manipule dans le but d’inviter le spectateur dans une histoire décalée empreinte de situations dérisoires, d'atmosphère fantomatique, onirique et toujours surréaliste.