Ramos Indiana Warhol Young Mr Brainwash Schiller "Marilyn" Show 03/05/2012 - 30/06/2012

Eté 1962. Un jeune photographe de 24 ans, Lawrence Schiller, est sollicité par Paris Match pour réaliser des photographies de Marilyn Monroe – dont la carrière bat un peu de l’aile – sur le tournage du film "Something’s Got to Give". Ce dernier s’attèle à la tâche sans savoir qu’il immortalise pour la dernière fois l’actrice.

Cinquante ans après, le culte voué à l’une des Stars les plus adulées du XXe siècle n’a rien perdu de son ampleur.  

2012 semble à bien des égards être l’année Marilyn Monroe. Des ventes de sa robe blanche culte et de certaines photographies inédites de la star en mars dernier à Los Angeles à la sortie en salle d’un biopic  "My week with Marilyn" en passant par le Festival de Cannes qui en fait son égérie pour sa 65e édition, l’icône du cinéma américain semble encore plus vivante que jamais. Son image demeure très présente dans la conscience collective et ceci, même cinquante ans après sa disparition tragique un jour de 5 août 1962.

A travers cette exposition, la Galerie Taglialatella se propose d’étudier l’affection populaire engendrée par Marilyn Monroe et les fondements de la vénération portée à l’actrice. Elle tente de montrer ce qui constitue à la fois l’extraordinaire longévité et la modernité du mythe de Marilyn Monroe, véritable emblème des sixties, icône du Pop Art - notamment grâce aux sérigraphies d’Andy Warhol - et figure de proue de l’identité culturelle américaine. Cinquante ans après sa mort, les images de la star n’ont rien perdu de leur appel mystique et fascinant.

Sensible à la représentation des femmes dans l’art et plus particulièrement en Pop Art, la galerie souhaite capturer la beauté, la sensualité et la vulnérabilité de l’icône que beaucoup considèrent comme la femme la plus glamour du XXe siècle. Sans rentrer dans l’introspection ou essayer de résoudre l’énigme de l’identité complexe de Marilyn, cette exposition offre un regard intime sur l’actrice qui a su, grâce à son allure, ses gestes – mais aussi sa plastique – incarner le glamour, devenant une icône populaire absolue et une figure idyllique à la fois simple et élégante.

L’exposition s’oriente donc vers la représentation d’une Marilyn placée sous le regard d’artistes Pop Art aussi emblématiques qu’Andy Warhol, Robert Indiana ou encore Mel Ramos, mais aussi de ceux qui s’inscrivent dans cette droite lignée comme Russell Young ou Mr. Brainwash et enfin du photographe contemporain Lawrence Schiller.

Les multiples visages de Marilyn

La galerie parisienne présente pour la première fois des photographies originales de Lawrence Schiller représentant la star dans son plus simple appareil. Il s’agit de l’unique et ultime fois où l’actrice apparait nue depuis les photos de charme du début de sa carrière pour un calendrier.

Ce que le photographe ne sait pas c’est qu’il détient quelques-uns des derniers clichés de la star affichant une jolie joie de vivre et jouant de son charme avec l’objectif, taquinant le spectateur comme pour l’inviter à la rejoindre. Les prises se déroulent quatre mois avant sa disparition sans laisser présager une telle tragédie.

Marilyn était décrite comme timide par nombreux de ses proches. Pourtant un jour de février 1954 en Corée du Sud, elle chante Bye Bye Baby ou Diamonds are Girl’s Best Friend devant plus de 10 000 soldats américains postés à la frontière de la Corée du Nord. Ce moment est immortalisé dans l’œuvre de Russell Young « Marilyn in Korea ». Le mythe s’empare des soldats. Pendant quatre jours, la star fait la tournée des camps pour remonter le moral des hommes en service qui lui vouent dès lors une grande admiration. 

Véritable légende populaire, Marilyn Monroe ne pouvait qu’inspirer les artistes Pop Art qui ont fait fi de la femme vulnérable dans sa vie privée et ont préféré représenter en noir et blanc ou haute en couleur la star à la chevelure platine, aux cils recourbés et à la bouche pourpre. 

Ainsi, Mel Ramos offre sa propre interprétation de Marilyn et rend hommage à sa sensualité, mais sans jamais basculer dans la vulgarité. L’artiste qui revisite et redonne ses lettres de noblesse à la représentation de la pin-up des sixties innove en transposant sur les corps de femmes réelles les portraits de stars cinéma.

Et à l’instar d’autres actrices comme Jane Russell, Marilyn Monroe, star incontestée du cinéma américain, n’y échappe pas.

Robert Indiana reprend également le mythe de la Star, mais s’intéresse plutôt à l’événement de sa mort. En effet, l’œuvre The Metamorphosis of Norma Jean (1997), joue sur la numérologie avec les chiffres 2 et 6 qui sont répétés, les dates de Marilyn étant 1926 - 1962.


Enfin, comment évoquer l’aura de Marilyn sans rendre hommage à Andy Warhol. Qui mieux que le maitre du Pop Art a su élever l’actrice au rang de véritable icône populaire ? Enfant, Warhol est fasciné par les stars qui incarnent la « success story » à l’américaine. Norma Jean Baker, enfant martyr devenu sex symbol adulé ou encore Elvis Presley, chauffeur de poids lourds et chanteur amateur adulé par toute une génération... Cependant l’histoire de ces vedettes est souvent entourée d’un souffle de tragédie, comme pour accentuer ce sort du ciel. Et Warhol, fasciné par ces destins, a toujours souhaité privilégier la représentation du glamour, du brillant, de l’éclat, comme pour tenter de conjurer le sort sans basculer dans le pathos.

En 1962, l’artiste a su rendre hommage au phénomène de la mort énigmatique de la star :

« Pour moi, Monroe n’est qu’une personne parmi tant d’autres. Et pour ce qui est de savoir si la peindre dans des couleurs si vives est un acte symbolique, je ne peux dire que ceci : c’était la beauté qui m’importait et elle était très belle ; et s’il y a quelque chose est beau, c’est bien les jolies couleurs. C’est tout. Voilà toute l’histoire ou presque »2 dira-t-il. Grâce à une simple photographie d’une affiche pour le film Niagara (1953) déclinée en sérigraphies, Andy Warhol a su transformer Marilyn Monroe en un sujet emblématique du mouvement Pop Art sans jamais considérer la star comme un produit assimilable à un simple objet esthétique. 

L’exposition s’arrête aussi un instant sur des personnalités qui ont croisé la star sur le chemin de son ascension lors d’un tournage, d’une soirée et qui ont eux aussi eu leur « instant Pop » : Frank Sinatra, James Dean, Elvis Presley ou encore Jane Fonda, croisée lors des cours de Lee Strasberg à l’Actor’s Studio. 

Ainsi la galerie rend hommage à cette figure du Pop Art emblématique et intemporelle, poussant le spectateur à se poser une question peut-être incongrue: quelle aurait été l’influence du Pop Art sans Marilyn ? 
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