Toxic Basquiat Rammellzee "En mémoire des Hollywood Africans" 19/05/2017 - 21/06/2017

En décembre 1982 Basquiat doit se rendre à Los Angeles pour préparer son exposition à la galerie Gagosian. Ses deux amis graffeurs new yorkais, Toxic et Rammellzee se joignent à lui pour partager cette expérience sur la côte ouest. 

C’est en évoluant dans les rues de la ville du 7ème art qu’ils prennent conscience de la très discutable représentation des afro-américains dans le cinéma. Forts de ce constat, ils décident de tourner en dérision les clichés de l’industrie cinématographique et s’auto-proclament « Hollywood Africans » sur le parvis du Chinese Theatre situé sur Hollywood Boulevard.

Leur démarche - boutade politique et sociale - illustre l’ironie et la pertinence qui les caractérisent. Ils font là un pied de nez aux codes, notamment à ceux imposés par Hollywood, qui cantonnent les personnages afros-américains dans des rôles stéréotypés souvent joués par des acteurs blancs maquillés en noirs. Les différentes adaptations de La Case de l’Oncle Tom – roman retraçant l’histoire d’une famille d’esclaves dans le sud des Etats-Unis - incarnent les normes et clichés associés aux afro-américains.

Basquiat, Rammellzee et Toxic qui progressent dans un milieu artistique new yorkais où ils bénéficient d’une réelle notoriété sont frappés par le contraste entre les stéréotypes concernant les rôles des Afro-américains à Hollywood et la vie éclairée dans le New York underground. Les trois artistes vont se nourrir de ces dissonances pour réaliser différents projets (performances, musique, etc.) qui exprimeront toute la dérision de leur constat.

Les Hollywood Africans c’est l’immortalisation d’un moment clef entre trois personnalités puissantes et bien distinctes qui partagent des valeurs et luttes communes. Leurs parcours diffèrent, cependant un fil rouge qui marquera l’histoire de l’Art Contemporain les réunit. L’iconoclasme et la complexité sont une grande constante qui caractérise l’œuvre des trois artistes. Leurs univers pluridisciplinaires s’inscrivent dans les fondements de l’art urbain et de la culture hip-hop. Que reste-il aujourd’hui de l’héritage des Hollywood Africans?

La remise en cause de leur place en tant qu’artistes afro-américains résonne dans la démarche de chacun d’entre eux. Ils se sont affranchis des valeurs dominantes en se forgeant une identité propre teintée de mystère encore aujourd’hui.

En effet, l’influence et les problématiques liées à l’Afrique sont omniprésentes dans les travaux de Basquiat. Enfant radieux mort à vingt-sept ans, sa renommée s’intensifie mais les mystères liés à ses œuvres persistent encore aujourd’hui, près de trente ans après sa disparition.

Avec Rammellzee, les questionnements s’inscrivent dans le mouvement afro-futuriste, le rappeur du Queens ayant un ancrage plus radical dans cette pensée.

Et enfin Toxic est le témoin contemporain des Hollywood Africans. Figure emblématique du graffiti des années 1980, il continue à tracer la voie. En effet, par sa présence majeure sur la scène internationale institutionnelle, il participe à l’essor et à la reconnaissance de ce mouvement qu’il incarne historiquement. 
 
Dès lors, cette exposition a pour ambition d’être une interprétation contemporaine de ce que fut le rassemblement de ces 3 grands artistes, de faire un pont entre hier et aujourd’hui et de rendre hommage à l’audace et la dérision de ces artistes majeurs qui ont marqué leur époque et continuent d’exercer une influence incontestable et une fascination sur les contemporains.
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