KOUKA "Utopia" / Exposition personnelle
3/02/2021 - 13/03/2021
Souhaiteriez-vous faire un songe au cœur du mythe de l’âge d’or ?
Les êtres seraient végétariens - car personne ne penserait à tuer - et les hommes à la jeunesse éternelle vivraient en paix, resplendissant de beauté et de joie et passeraient leur temps dans les festins et les fêtes, libres de soucis à l’abri des peines et des misères.
Nul ne serait soumis au travail et les hommes se partageraient tous les biens spontanément.
Le sol apporterait sans cesse une récolte abondante et la terre jouirait d’un printemps éternel.
La violence, le vol, l’injustice, le mépris, la médiocrité n’existeraient pas et lorsque viendrait le moment de mourir, les êtres s’endormiraient doucement…
Ce mythe de l’âge d’or a inspiré de nombreux artistes et philosophes et pourrait être incarné de façon contemporaine par cette nouvelle exposition de Kouka. En effet, l’artiste matérialise sur ses nouvelles toiles l’idée d’un monde où l’humain est rendu à son essentialité, sans âge, dépourvu de tout environnement matériel, évoluant en pleine nature où prospèrent beauté, amour et empathie…
Ce mythe de l’Âge d’or qui nourrit une nostalgie de l’origine de l’humanité où règnent la paix, l’abondance - provenant de la nature - et la justice, résonne particulièrement avec la démarche de Kouka qui a fondé sa quête sur la mémoire des Origines dans la perspective de prôner un message de paix bâti sur l’Universalité de l’Homme.
Son guerrier Bantu qui constitue sa signature urbaine - à l’instar de l’Homme de l’Age d’or - est la représentation d’un être originel, qui évolue en milieu naturel, vivant de cueillette et guide les hommes dans la justice et la paix…
Bien avant l’apparition du concept d’Utopie, l’âge d’or qui a inspiré ce dernier permettait déjà aux poètes et philosophes de donner une vision du monde par opposition à une réalité négative ou de s’en inspirer comme une promesse à atteindre. Que ce soit Hésiode pour dénoncer le contexte politique et social obscur d’un Homme en déclin ou Ovide pour projeter dans ses
Métamorphoses
une vision nouvelle et idéale du monde.
Avec l’apparition de l’Utopie telle que la représente Thomas More, il est désormais question de réfléchir à la possibilité d’une société perfectible et loin de considérer l’homme comme le miroir d’une divinité - à l’instar de l’âge d’or - il est question de le voir tel qu’il est et de le visualiser dans un environnement réaliste.
C’est ici toute la puissance de Kouka qui réussit avec cette exposition à nous entraîner d’une part dans un univers onirique tel que le définirait l’Âge d’or - par le biais de sa démarche artistique fondée sur l’origine de l’Humanité - et d’autre part à affirmer la nécessité d’une visualisation contemporaine utopiste.
En effet, les peintures sur toile ou sur papier de l’exposition Utopia sont inspirées d’une nature prospère et abondante, de femmes empreintes de rêverie et de beauté ; dès lors le spectateur est projeté dans un univers qui n’a ni l’ambition d’être merveilleux, paradisiaque ou miraculeux, il s’agit de rendre possible une représentation positive de notre société contemporaine en visualisant des images qui incarnent douceur, bienveillance, fraternité et métissage et en mettant en exergue la vie, la féminité, l’altérité, la mixité, la liberté et l’espoir.
« l’Utopie n’est pas un rêve, c’est un combat… En combinant la puissance de la féminité à celle de la Nature, ma nouvelle exposition a pour intention de présenter au spectateur un univers fait d’empathie et de beauté.
Je travaille habituellement à partir d’images mentales médiatiques qui façonnent notre inconscient collectif en permanence. Ici, loin de proposer une image fabriquée d’un monde en décomposition, j’invite le spectateur à s’interroger sur ce qui existe au-delà de la vision pessimiste et négative mise en avant par les médias. Les compositions ne sont plus le fait d’une vérité imposée, mais tentent de s’approcher au plus près des notions qui inspirent mon imaginaire : la beauté, l’amour, la nature... »
Kouka
Ainsi le parcours proposé par l’artiste s’exprime autour de 3 nouvelles pistes de travail :
« – Le portrait, une thématique qui m’est chère, invite le spectateur à l’introspection. Les cadrages, de plus en plus serrés sur le regard frontal du sujet, agissent comme miroir de nos émotions. Des personnages aux yeux mi-clos incitent à plus d’empathie. Tantôt interrogateurs, tantôt défiants, ces visages anonymes sont comme des divinités qui nous observent et nous renvoient à notre condition d’être humain.
– La Nature, représentation à laquelle je m’attache depuis peu, remplace petit à petit une figure humaine construite à partir d’un discours identitaire. Désormais, mes recherches se centrent sur un idéal universel où les frontières entre l’humain et la Nature seraient abolies.
– Femmes Métis Nues dans la Nature , sont les prémices d’une toute nouvelle série en hommage à l’Œuvre de mon grand-père, Francis Gruber. Pour la première fois, les figures humaines dénudées, allégories de la puissance féminine, sont représentées sur un fond de nature luxuriante. Les corps se mêlent aux branches pour ne former plus qu’une anatomie du vivant. »
Et s’il était question de référencer un autre grand-père, nous citerions Régis Messac. Selon l’auteur Panthéonisé, les récits ou imageries utopiques répondent à un besoin social :
« Il est sans doute permis de dire, dans l’ensemble, que ce sont les périodes d’incertitude, d’inquiétude, voire de souffrance, qui sont surtout favorables à l’apparition de récits de ce genre. Lorsque beaucoup d’hommes, la majorité des hommes, peut-être, sont contraints de se replier sur eux-mêmes, ils cherchent dans leur imagination ce que la réalité leur refuse, et l’on voit fleurir les utopies »
(Les Premières Utopies, rééditions ex nihilo, 2009, paru d’abord en 1938).
Et justement plus que jamais s’impose aujourd’hui la nécessité de repenser et de reprogrammer la machine ; et le moteur de cette dynamique est l’inspiration. C’est le cadeau que nous fait ici Kouka, retrouver en chacun de nous la force de voir les choses autrement car « nulle route n’est infranchissable / NULLA TENACI INVIA EST VIA » …
2 Pl. Farhat Hached, 75013 Paris
Mardi-samedi, 11h-19h
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